Ça y est, vous prenez possession de votre nouvelle habitation, et chance ! : elle dispose d’un jardin : petit ou grand, entretenu ou à l’abandon, peu importe, car il est là ce coin de verdure, et vous avez bien l’intention de vous l’approprier et d’en profiter…
Le jardin, c’était peut-être l’un des arguments de l’achat de la maison, avec un projet derrière : avoir un potager pour le plaisir dans l’assiette et la fierté de gagner en autonomie alimentaire, que les enfants puissent se défouler dehors, installer le barbecue tant rêvé, accueillir dignement un animal de compagnie…
Bref, on est pressés d’en profiter quoi.
L’écueil du propre
Et là, je parie qu’à la faveur du premier week-end de beau temps, vous allez commettre le (presque) irréparable. Et ce qui me fend le cœur, c’est que vous allez peut-être même faire ça avec enthousiasme, joie et bonnes intentions. Vous savez ce qu’on dit: l’enfer est pavé de bonnes intentions… bon bin on y est, en plein dedans :
Ce qui va se passer, c’est que vous allez vouloir « faire propre ».
Vous allez balayer, nettoyer, couper, tronçonner, désherber, tondre, tailler, arracher, retourner, abattre, déterrer … et puis dans la foulée, animés par la promo jardigogo vous aller replanter et semer des trucs, là maintenant tout de suite, partout où y’a des trous.
Oui, je provoque un peu… Mea culpa, et je SAIS que c’est tentant de prendre possession du terrain comme ça…
Mais un jardin réussi, c’est surtout un espace de respiration, de rêverie, d’observation, de jeu… C’est un endroit nourrissant pour tous les sens. Alors je vous propose d’y aller mollo et de ralentir un chouïa. Vous verrez, la nature est généreuse et la végétation poussera vite et bien si les choix sont éclairés. Donc, si je n’avais qu’un seul conseil pour créer et aménager votre jardin, c’est OBSERVER.
OBSERVER
Venez, posez vos fesses sur ce plaid pour un pique nique improvisé dans le jardin, asseyez-vous, posez ce sécateur, gardez votre argent, on va discuter.
C’est pas un problème en soi, de vouloir faire propre pour s’approprier son cadre de vie… Je vous comprends, c’est légitime.
L’étymologie d’OBSERVER c’est le latin OBSERVARE « porter son attention sur, surveiller, respecter, se conformer à ». Porter attention et respecter, c’est pas beau ça?
A ce propos, il y a cette citation très inspirante que j’ai lue récemment :
De cette toute petite chose qu’est le regard peut dépendre toute une vie
Magda HOLLANDER-LAFON
De cette toute petite chose qu’est votre regard peut dépendre toute la vie au jardin : la vôtre, celle des plantes et des animaux qui vous entourent… La VIE quoi !
Liste non exhaustive des informations à glaner dans votre nouveau jardin
Assez philosophé, ouvrez-moi ce paquet de chips (c’est un pique-nique ou pas?) et faisons le tour du propriétaire :
– Ces feuilles mortes entassées dans un coin donnent un indice précieux sur les mouvements d’air, le sens du vent… idem si vous avez des arbres qui penchent franchement ou des graminées bercées dans le même sens
– Les flaques d’eau ou les traces boueuses vous renseignent sur l’écoulement naturel des eaux, les problèmes de pente sur la terrasse, les zones de rétention naturelles…
– Ces ronces en bordure du terrain, certes ça peut faire négligé, et ça pique, mais c’est une clôture efficace et dissuasive pour pas un rond et à l’automne il y aura peut être des mûres… est-ce vraiment prioritaire de tout arracher?
– Faites silence et tendez l’oreille, à plusieurs moments de la journée : quels bruits ? D’où viennent-ils ? Agréables ou pas ?
– Faites un brin de causette avec les voisins, vous allez habiter à côté, autant voir à qui vous avez à faire, et si ça se trouve vous aurez le même projet pour cette clôture, ça peut aider…
– Vous voulez installer un potager? prenez le temps d’observer les endroits les plus ensoleillés de votre jardin… autant il y a des plantes ornementales pour toutes les situations, autant les légumes ont vraiment besoin de lumière
– Attendons la première grosse pluie : comment est-elle absorbée par le terrain ? Est-ce que ça ravine ?
– Les plantes : aaaah les plantes, tant de diversité, feuillages, floraisons, couleurs automnales, écorces… Regardez-les vivre un peu avant de les supprimer, vous pourriez être surpris de leur floraison, de leur allure en hiver ou vous rendre compte que celle-ci abrite un nid… Identifiez-les correctement avant de leur faire un sort
– La santé des plantes : tâches sur les feuilles? Trous dans l’écorce ? Repérez les symptômes laissant à penser que quelque chose ne va pas bien, et surveillez, il sera toujours temps de demander un avis professionnel quand vous aurez recueilli toutes les infos
– Ne sortez pas la tondeuse dans un premier temps, ou tout du moins pas partout, laissez un espace non tondu toute l’année : identifiez les plantes qui poussent spontanément, elles peuvent donner de précieuses indications sur la composition de votre sol, observez-les, et vous serez peut-être séduit par leur allure de prairie fleurie pour un coût … nul
– Évitez de tailler les plantes à ras cet automne, au moins pour une année, et vous profiterez probablement de belles silhouettes givrées cet hiver qui magnifieront l’espace et vous convaincront de changer vos habitudes…
– Laissez-vous le temps de vivre dans la nouvelle maison, le lien entre le jardin et la maison se fera plus ou moins naturellement, et ce sera à prendre en compte bien sûr dans la conception de votre jardin…
Allez, une autre citation pour conclure (j’aime bien ça les citations):
Pour être commandée, la nature doit être obéie
Francis BACON
Autrement dit inutile de lutter contre, apprenez à faire avec. On dit Merci Francis. Et promis, on va faire propre, mais avec discernement…
A bientôt!
Emmanuelle
Chez Midori, on vous guide pour co-créer un beau jardin, résilient, cohérent avec votre environnement, et on commence en diagnostiquant le sol (guide à télécharger ci-dessous)
