Quel est votre rapport à la nature ?

quel est votre rapport à la nature ?
Est-ce que votre rapport à la nature vous simplifie ou vous complexifie la vie au jardin ?

Vous êtes vous déjà posé cette question importante :

Quel est votre rapport à la nature, à l’environnement ?

De votre rapport à la nature découle la qualité de votre connexion au vivant, à moins que ce ne soit l’inverse.

Laissez moi vous guider à travers les 3 attitudes souvent rencontrées…

Voyez celles qui font écho chez vous ou chez vos proches.

Regardez comment cette relation enrichit ou complexifie votre façon d’aborder le jardin.

lustre de graines et plantes emprisonnées dans la résine - domaine du rayol - gilles clément
Lustre composé de graines et plantes emprisonnées dans la résine, Salle Gilles Clément au Domaine du Rayol

Attitude n°1 : EGO-logie, la nature, c’est beau et utile

Cette première attitude, c’est de voir la nature comme le décor dans lequel l’Homme vit. Un décor qui, de plus, offre une multitude de ressources (animales, végétales, minérales) que l’on peut prélever pour subvenir à nos besoins et envies. Ce décor et ces ressources sont là pour l’agrément et la survie de l’Homme.

C’est une vision égocentrée : tout est là pour servir les besoins de l’Homme et son bon plaisir. Concrètement, quand il y avait 3 pelés et 1 tondu sur Terre, c’était pas franchement un problème, mais aujourd’hui…

Souvent, avec cette vision, il y a aussi une sorte d’échelle de valeur qui se créé dans la vision du vivant, comme si certaines ressources ou certains organismes étaient plus précieux et nécessaires que d’autres. Cela appauvrit considérablement notre rapport au monde.

Cette vision, quand elle est poussée à l’extrême, c’est la coupure du lien avec le Vivant, donc avec une part de notre essence en tant qu’espèce vivante. Nous sommes, nous, humains, une toute petite partie d’un système immensément complexe.

La limite de cette vision, vous l’aurez compris, elle est multiple : utiliser plus de ressources que ce qui est disponible, prélever plus vite que la vitesse de renouvellement naturelle, supprimer des environnements et des écosystèmes entiers, dépenser une énergie folle à contrôler cet environnement, ce décor… Sans compter le stress que cela génère quand une ressource vient à manquer … Cette vision génère à terme une déconnexion du vivant par domination de l’Homme sur son environnement.

Et au jardin, ça donne quoi ?

Si l’on transpose au jardin, c’est cette idée que le jardin doit avoir un certain aspect, une certaine productivité, qu’il y a du bon et du mauvais, qu’il y a des plantes intéressantes et belles et d’autres non, voire complètement indésirables. C’est aussi l’idée qu’il faut maîtriser cet environnement, que sans nous, le jardin est moins beau, moins net, moins intéressant. C’est beaucoup d’énergie dépensée à contrôler l’aspect du jardin, sa productivité. Le jardin peut devenir un problème, une source de stress car on ne contrôle pas une averse de grêle, une sécheresse, des semis qui ne lèvent pas, une invasion de limaces… Ils sont nombreux les sujets de contrariétés quand on pense pouvoir ou devoir contrôler son environnement.

Attitude n°2 : L’Homme, un animal comme les autres

Cette attitude n°2, ce serait l’opposition complète de la vision précédente. Une prise de conscience que l’Homme n’est pas au-dessus du tout mais en fait complètement partie. C’est vrai. Et faux en même temps. Laissez moi expliquer.

Dans cette vision, l’Homme se refuserait à surexploiter les ressources naturelles, qu’elles quelles soient (végétales, animales, minérales…) et chercherait à reprendre une place « correctement dimensionnée » dans un environnement naturel régi par des lois complexes. Ce serait choisir de revenir à nos besoins primaires, basiques, et de limiter son impact au strict minimum. Pas plus qu’un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire.

Cette attitude, qui paraît assez juste au regard des enjeux environnementaux actuels, comporte néanmoins à mes yeux un écueil majeur. Cette erreur serait de se culpabiliser d’être un super prédateur et d’être dans une forme de déni. « Non, non ça va passer, on va tous retourner pieds nus dans la forêt et manger des graines et ça va aller ». Comme si on devait s’excuser d’exister. Se couper d’expériences inspirantes qui nous tiennent à coeur pour des raisons écologiques. Rêvasser une vie où on seraient 7,7 milliards pieds nus à vivre en harmonie avec la nature… Mathématiquement impossible, surtout si on tient compte de la nécessité de conserver des zones complètement sauvages pour sauvegarder un maximum de biodiversité.

Et au jardin, ça se traduit comment ?

Pour l’illustrer au jardin, ce serait comme si vous vous interdisiez toute intervention pour « éviter de déranger » le monde animal et végétal en place. Eventuellement, vous vous autorisez un peu de cueillette, et juste au cas où il y ait suffisamment de ressources dans votre jardin. Peu à peu, à ce compte-là, à long terme, votre jardin évoluera en roncier, puis en forêt… Oui mais vous habitez en zone pavillonnaire, y’a votre forêt qui dépasse chez Gérard et Monique (qui s’agacent) et le sol du salon a explosé avec les racines du grand chêne…

Evidemment que je caricature, juste pour mettre en lumière que la culpabilisation est un super inhibiteur d’action… A l’extrême c’est « nous les Hommes, on est vraiment trop nuls, on saccage tout, il faudrait qu’on n’est plus d’impact sur l’environnement ». Cette vision génère une déconnexion du vivant par culpabilisation.

Pour le meilleur et pour le pire, l’Homme existe, et oui, il a jusqu’à présent bien exploité son potentiel de super prédateur… mais nous sommes là, issus de l’évolution naturelle des choses, et nous ne sommes pas un animal comme les autres.

Attitude n°3 : (RE)connexion au vivant

C’est l’attitude de l’observateur bienveillant et aidant, en lien avec le Vivant (oui, avec un grand V). Un humain qui descend de son piédestal, qui est conscient qu’il a la puissance d’un super prédateur, et qu’un retour à une vie dans la nature n’est pas possible pour la majorité de l’humanité.

C’est prendre conscience que l’Homme peut avoir un rôle écosystémique bénéfique dans le contexte actuel, et CHOISIR de faire sa part.

Allons-y, citons carrément Spiderman :

With great power comes great responsability

« Peter Parker Principle »

Et au jardin, ça veut dire quoi ?

Au jardin, cela se traduit par une curiosité exacerbée et joyeuse pour ce petit monde autour de la maison.

Ralentir, prendre le temps d’observer vraiment ce qui se passe, être curieux des plantes et de la faune déjà présente. Comprendre ce qui se joue ici, les liens entre faune, flore et humains.

Ensuite, évaluer ce dont on a vraiment besoin et envie : un endroit pour que les enfants jouent? Un potager pour tendre vers l’autonomie alimentaire? Apporter de l’ombre sur la maison en été?

Enfin, voir comment concilier tout cela en ayant à coeur d’enrichir son environnement et de prendre soin du Vivant (toujours avec un grand V, oui).

Si personne ne joue au ballon chez vous, avez-vous besoin d’une pelouse rase sur 100 m2 toute l’année ? Peut-être pouvez-vous laisser 50 m2 en prairie… faune et flore vous remercieront et vous aurez contribué à votre échelle au maintien d’une certaine biodiversité. Vous aurez augmenté la résilience de votre environnement en économisant l’eau et en offrant refuge à une faune utile contre les ravageurs des cultures par exemple…

Observez le vivant et vous verrez des systèmes incroyablement complexes, chaque être végétal ou animal remplit un ou plusieurs rôles. Parfois, un insecte, une fleur disparaît et tout s’écroule.

C’est la ligne de crête entre agir à tout prix et laisser complètement faire.

C’est comprendre que l’Homme ne fait qu’un avec la nature, c’est se (re)connecter à sa nature, à la Nature. Et ça, c’est vraiment très chouette.

Pour aller plus loin…

Vous l’aurez compris, cette dernière attitude, elle nécessite une grande curiosité pour son environnement.

Pour vous aider à vous positionner dans cette attitude constructive, voici quelques bonnes questions à vous poser avant d’envisager une modification au jardin :

Qu’est-ce qui est en excès ici ? ou qui manque ?

Qu’est-ce que je suis en train d’ajouter ? de supprimer ?

Est-ce que ce que je m’apprête à faire va dans le sens d’une plus grande diversité (diversité = vie) ?

Y’a-t-il une ressource gâchée ? ou polluée ? que je peux préserver ?

Comment va se comporter / A quoi va ressembler cette modification au printemps ? en été ? ou cet automne ? ou en hiver ?

Pour conclure, gardez à l’esprit que votre jardin a besoin de vous. Il a besoin de la version la plus curieuse et attentive de vous, celle qui a le pouvoir de soutenir et d’encourager la vie dans son jardin.

A bientôt au jardin !

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Mon premier conseil pour votre jardin ? Diagnostiquer votre sol en suivant mon guide pas à pas…

Emmanuelle Capitain

Emmanuelle Capitain

Ecopaysagiste, une façon pour moi de concilier créativité (l’éclate!), humilité (on est vraiment tout petit), expertise (apprendre, c’est le pied)

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